J’avais terminé la saison 2006 en pêchant assidument le brochet à la mouche avec des captures à chaque sortie et en nombre. Etait-ce une situation spécifique à l’automne ou le printemps est lui aussi une saison de choix pour pêcher le brochet? Je me devais d’aller vérifier : c’est chose faite.
Acte 1 : les essais de nouvelles mouches.
Dimanche 6 mai ; pas envie de regarder les élections à la TV. Je monte quelques streams imitant des ablettes et je pars direction Saint-Julien de Lampon en Dordogne les essayer. Bilan : une touche fil coupé net faute d’avoir mis un avançon en acier.
Mardi 8 mai ; petite virée un peu plus bas sur la Dordogne où Matt me montre ses coins. Merci, ils sont vraiment superbes mais nous souffrons car ces bons postes d’automne ne semblent pas très occupés. Nous ferons trois poissons de taille modeste la plupart du temps dans des remous assez profonds en ce qui me concerne.
La remise en forme a été concluante, ma nouvelle mouche fonctionne car elle a bien déclenché les trois brochets touchés jusqu’à maintenant.
Acte 2 : l’ouverture dans le Lot et la Corrèze.
Nous sommes le 12 mai. Munis du pontoon, nous avons décidé avec Jef 24 de faire une descente pour tenter les truites et les brochs au stream. Départ prévu à 10 heures de la maison sauf que les sangles du bateau sont plus que rongées par les UV du soleil et comme je ne tiens pas à naviguer sur une embarcation qui risque de se démantibuler au premier courant, je m’improvise couturier pour fabriquer de nouvelles sangles.
Cela va passablement nous retarder car nous mettrons le premier coup de rame vers 15 heures sur une Dordogne assez haute à cause d’une éclusée. Malgré tous nos efforts, nous n’aurons qu’une touche mais quelle touche. Placé sur un poste avec deux mètres d’eau assez courante, je pêchais le bord tandis que Jean-François peignait le milieu de la Dordogne.
Sur un lancer au bord, je ramène la soie jusqu’à entendre le bruit du bas de ligne dans les anneaux. Comme mon bdl fait 80 cm avec un avançon de 30 cm, le streamer est à moins de 3 m du bateau en surface. Et là, dans une éclaboussure gigantesque, faisant un bruit monstrueux, le brochet surgit de nul part pour gober la mouche. Pas le temps de ferrer, il tente de passer sous le bateau. Les jambes m’en tremblent. C’est un brochet correct (66.5 cm au mètre de Jef) qui me tranchera des doigts négligement oubliés dans les ouies… Oui, le sang sur la photo, c’est le mien pas celui du brochet.
Le reste de la descente sera consacrée à explorer des postes qui ont été très productifs cet automne en vain. La pêche de printemps même si les brochets sont aussi agressif diffère de celle d’automne car les brochets ne sont pas concentrés dans les mêmes postes. Nous verrons une grosse truite gober les sedges le soir mais faute de réactivité nous ne la ferons pas.
Acte 3 : la pêche à vue…
Ayant une fenêtre d’environ une heure et demi cet après-midi, je tente une sortie dans un coin qui nous a sourit l’an dernier. L’eau est peu profonde claire. Je remet ma mouche ablette. J’arrive sur une plage où il y a 25 cm d’eau. Par réflexe, je lance pour voir comment elle nage. Elle s’imbibe bien d’eau, ondule. Tiens, là bas sur le bord, il y a une branche dans l’eau. Je lance à 1 m, la mouche nage sur deux mètres et là, je vois une masse grise qui se détache du bord, fait trois mètres et vient la prendre. Incroyable, dans 25 cm d’eau. Il est joli en plus. Ca commence bien.
Je continue à progresser sans réel succès et il me faut tous les souvenirs des captures automnales pour ne pas abandonner tant le coin a changé. Les arbres coté sud ont été coupés, les carpes fraient et troublent l’eau. Le coin semble désert. Je repère une ponte de perche lorsq ue derrière moi, une puis deux chasses troublent la quiétude. Plusieurs ablettes sautent poursuivies par un prédateurs affamés. Mais un poisson à chaque fois.
Arf, j’aurais du y penser, les perches viendront toutes les deux taper mais mon stream est trop gros. Dommage. J’aurais du anticiper et changer de mouche. En plus, j’avais les oeufs devant les yeux. Trop nul!
Juste le temps d’observer un chevreuil qui passe et de regarder la montre pour me remotiver. Je recommence à peigner méthodiquement les obstacles. La touche a détonné dans mon bras comme un coup de feu. Mais le poisson ne s’est pas piqué sur le petit hameçon inversé pointe en l’air. Je ne relance pas et change de modèle. Il a tapé du clair, je monte un chabot bien foncé.
Je relance deux mètres à gauche : rien. Deux mètres à droite pour ne pas l’alerter avec une dérive similaire à la première et le fuseau d’argent jaillit de son poste de bordure comme un éclair pour intercepter mon chabot qui sous l’eau ressemble plutôt à une souris.
Il n’est pas énorme mais il est déjà racé et m’a gratifié d’un bel éclair avant la touche.
Il est déjà temps de rentrer mais le premier bilan de cette pêche printanière est satisfaisant. En quatre sorties, j’ai touché 6 brochets. La pêche à la mouche est une technique adaptée pour pêcher le brochet.
Ceux-ci ne sont pas dans les même postes qu’en automne. Ils sont agressifs mais semblent répartis différemment. Certains (les plus gros) ont des blessures. Le frai a été dur. Allez, refaites vous une santé, je sens qu’on va se revoir.
Fred
