pourquoi j’y serais

Featured ImageLes plus vieux que moi ont vu les truites mettre moins souvent le nez en l’air, les populations se raréfier… Moi, je vois les rivières disparaître.

Pas d’eau, rien, il ne pleut plus sur l’Est de la France depuis des mois… Qu’est ce qu’on y peut ? Rien ? tout ? Il faut y voir un châtiment ? J’en sais rien… Je vois juste mes rivières crever et j’ai le cœur qui se sert au fur et à mesure que le paysage jaunit…

Des comme ça, où il faut passer 45 minutes derrière, passer ta boîte sur son nez, j’y aurais encore droit dans les années à venir ?

A ma femme, je dis toujours en rigolant que les mômes je les emmènerais sur mon dos dès même pas un an à la pêche… Mais j’irais encore à la pêche ? Plutôt que de les trainer faudrait que je leur donne le goût de l’eau, celui qui m’habite depuis que je sais à peine marcher. Tourner les pierres, voir la vie grouiller, passer des heures devant le miroir de l’eau, s’immobiliser quand retentit le cri du martin-pêcheur. Le seul moyen de trouver la force de se battre, c’est de s’émerveiller encore… Le sens de l’eau, c’est le truc qui s’explique pas, qui fait que t’es bien là mieux que nul part ailleurs même si l’ailleurs c’est bien aussi.

Peut être que les minots, ils connaitrons que les blancs, les robustes, ceux qui s’adapteront, nous aussi, il va falloir, les espèces moins nobles prennent plus de sens à nos yeux…



Mais si le chevesne est devenu le compagnon obligé du moucheur, il faut continuer à se battre pour pas voir crever les dorsales bleues et les rayures qui peuplent encore les rivières.


Ça fait des bornes, j’y pêche jamais, mais le 14 mai j’y serais.