Jour de paye.

Featured ImageEn d’autres temps en ces lieux, j’aurais passé la journée dans la voiture à chercher les gobages. Mais depuis cette année, quoi qu’il arrive, durant des journées entières, je pêche au streamer. Et à vrai dire, pour ne pas attraper grand chose. Mais durant toutes ces longues heures à tirer de la soie j’engrengeais de l’expérience. Et hier, c’était le jour de la paye…

En effet, depuis le début de saison, je multiplie les tentatives en première catégorie avec quelques touches mais rien d’extraordinaire. Puis depuis l’ouverture, le premier mai, je multiplie les sorties sur la Dordogne.

Le streamer sur des grandes rivières comme la Dordogne est surement le plus sûr moyen de faire de gros poissons régulièrement. Encore faillait-il le démontrer. Car à part un poisson de 50 pris pour l’ouverture et quelques ragougnes, les trophées n’étaient pas au rendez vous.

La partie de pêche d’hier commençait comme les autres avec de petits poissons. C’est dingue la voracité des truites lorsqu’elles chassent.

Puis une deuxième plus grosse est venue honorer mon stream sur une animation légèrement différente. Et si c’était ça la solution?

Poissons sauvages certes mais pas monstrueux. Jusqu’à la touche suivante.

Au beau milieu d’un poste à ombre, derrière un herbier, un arrêt comme si j’étais accroché. Puis une tâche blanche qui barre le courant : la gueule entre ouverte…

Un combat tout en puissance mais qui ne m’a jamais mis en difficulté et pour tout dire, décevant. Mais quel poisson. Par chance des vacanciers anglais garés non loin avait un mètre dans leur camping car et ils ont pu mesurer cette truite à 26 inches (soit 66 cm). Une nouvelle fois, je passe la barre des 65 cm.

Ce poisson ressemble d’ailleurs à celui de l’an dernier. Tout en gueule, le nez tordu et déformé par les ans. En revanche, son corps est mieux proportionné. Elle ressemble aux truites de nouvelle-zélande ou de patagonie.

Je suis vraiment gâté ou récompensé pour tous mes efforts. D’autant plus que quelques minutes plus tard, je toucherais plusieurs poissons eux aussi tout aussi exceptionnels. Plusieurs truites magnifiques et un saumon de 75 cm qui m’a mis la misère durant de longues minutes avant de me casser alors que je l’observais dans 20 cm d’eau au bord.

Le bilan de la journée est monstrueux : des poissons de fou, une canne cassée, une soie pelée sur plusieurs dizaines de centimètres, des doigts coupés…

Des joies, des déceptions, du sang : la pêche, c’est bien la vraie vie. La Belle est comme une jolie femme. Lorsqu’elle ne veut pas, c’est vraiment non pendant des semaines entières parfois. Mais lorsqu’elle se livre, c’est sauvage et fabuleux.

Fred

PS : il s’avère que la grosse truite de cet article a été retrouvée morte par Jean-Luc le lendemain. Et ce, malgré toutes les précautions prises lors du combat, des prises de vues et de la remise à l’eau. Cela montre que notre activité n’est pas sans impact sur la survie des poissons. En l’occurrence ici, ce poisson avait engamé profondément le streamer et l’hameçon s’est planté dans un arc branchial ce qui a provoqué une hémorragie. Je savais dès que j’ai retiré l’hameçon que ce poisson risquait de succomber mais je l’ai tout de même relâché.

Cette fin tragique m’attriste mais je continuerai à pêcher à la mouche car c’est la technique qui permet de relâcher le poisson dans les meilleures conditions qui soient.

Alors adieu grand poisson, pardonne moi de t’avoir ôté la vie. Tu resteras à jamais une Reine de la Dordogne.