Il se passe une chose tout à fait exceptionnelle à Argentat en ce moment, la Dordogne est trouble. Hormis vidange de barrage, je n’avais encore jamais vu ça.
Même lors des crues, comme celle de cette hiver, l’eau qui sort des barrages est généralement claire. Ces retenues jouent le rôle de décanteur, stoppant le transport solide ce qui en va pas sans poser des problèmes à la rivière (manque de graviers au fond).
Or, en ce moment, l’eau sort du sablier teintée, verdâtre. J’ai estimé sa clarté à environ 30 cm.
Le problème vient du barrage du Chastang. En amont, comme vous pouvez le constater, l’eau de surface est limpide.
Ce qui n’est pas le cas de l’eau qui sort du barrage.
La raison invoquée est la présence dans les couches profondes d’eau trouble. Le haut bassin versant a été il y a quelques semaines le théatre de pluie torrentielle qui ont entrainé des coulées de boues et une crue violente de certains affluents. De l’eau très chargée en sédiments est arrivée dans le barrage du Chastang. Plus lourde elle s’est accumulée dans les couches profondes.
Cette stratification fait que le fond du barrage contient cette eau chargée de sédiments assez fins en suspension. Or, les prises d’eau sont situées à – 60 m de la surface. Apparament en plein dans ces couches troubles. Du coup, fait rarissime, de l’eau trouble sort des turbines.
Cela donne à la Dordogne un aspect inhabituel. Voici le pont de Monceau et son aval immédiat.
Je ne pense pas que cet épisode de crue et de turbidité ait des conséquences dramatiques sur les poissons. Certes, les fonds seront un peu colmatés mais le débit est élevé (200 m3/s aujourd’hui). Cela devrait éviter les dépots. De plus, nombre de rivières au régime nival font des crues à cette saison avec des eaux bien plus troubles et les populations de truites subsistent (Autriche, Montana…).
Sur la Maronne, le débit est revenu au débit réservé estival. L’eau a baissé de près de 20 cm découvrant une nouvelle fois des pontes. Ici surement des oeufs de chevaine ou de gadons.
Même si les nouvelles mesures de gestion des débits apportent une très très nette amélioration au niveau de la reproduction des salmonidés, chaque baisse des eaux fait des dégats dans ces écosystèmes fragilisés par les éclusées.
