Arrivés massivement depuis trois ou quatre ans sur la Vézère dans le secteur de Terrasson, les silures commencent à atteindre des tailles honorables. Il s’en touche maintenant de plus d’un mètre. Bref, entre les news de Ced65 qui en a pris à la mouche et les histoires des pêcheurs locaux qui en tapent au vif, il fallait que j’y aille faire un tour avant que la pluie ne fasse trop monter l’eau.
Première difficulté : mettre à l’eau. Le secteur intéressant fait environ deux kilomètres mais pour y accéder, il ne faut pas avoir peur des ronces ni de faire sauter au bateau un talus de 2 m de haut.
Mais une fois en bas, quelle récompense : les platanes des bordures sont parés de leur plus beaux atours. Ils réflètent dans l’eau leur couleur jaune si bien qu’on ne se croirait pas mi-novembre mais en plein été.
La pêche n’est pas simple en raison du vent qui fait dériver le bateau, des trop nombreuses feuilles qui altèrent les dérives et du courant qui est trop fort malgré un niveau bas pour la saison. Le plus aisé est de pêcher les postes de bordure assez profonds mais très encombrés. Un paradis pour les carnassiers. Je choisis une mouche bobbie jaune avec des gros yeux oranges.
Lancer cette soie plongeante assez lourde (T250) n’est pas simple mais il n’y a que cette solution pour atteindre la profondeur désirée.
Après avoir pêché de nombreux postes de trop petite taille j’arrive sur LE poste de rêve. Un arbre en travers de la rivière qui amoncèle les feuilles et crée un grand calme derrière. Il n’y a pas à dire, ça pue le silure. Il y a environ 2 m 50 d’eau. La mouche nage bien mais aucune touche.
Soudain à 35 m du bateau, un remous d’enfer. Un saut, une chasse??? Puis des bulles remontent à la surface et se dirigent vers moi. Exactement comme un dégazage de silure. J’en suis sûr, ça en est un.
Je relève l’ancre, me place à portée. Et à l’endroit exact des dernières bulles… un arrêt sur image. Ferrage puissant et ample. Rien ne bouge comme si je tenais une souche.
Je tiens bien une souche. Ah! l’animal a sans doute élu domicile sous ces branches que je n’avais pas vues. De toute façon, même si je l’avais ferré, je n’avais aucune chance de le sortir. Pas grave. J’insiste une bonne demie-heure en vain.
L’heure tourne, il faut que je poursuive ma descente pour être à la voiture avant la nuit. Il faut que je pêche en dérivant. Je passe à un piker’s point blanc pour tenter le brochet. Les postes sont inombrables vu le nombre d’arbres dans l’eau mais le courant est trop vif. Je dérive trop vite sur les postes même si ma mouche pêche super bien. Je la vois s’enfoncer doucement dans l’eau, onduler et disparaitre lorsqu’elle passe sous les 50 cm d’eau. Je la sens vivre sous l’eau et je m’accroche parfois aux obstacles immergés sous plus d’un mètre d’eau : ça pêche bien.
Mais aucun poisson ne viendra saluer mes mouches. Enfin presque. Il m’a semblé avoir une tape sur une dérive et une autre fois, j’ai ramené victorieusement une écaille de carpe volée au dos du poisson.
La nuit tombe. J’arrive en vue des courants sur lesquels j’ai passé une partie de mon enfance les pieds dans l’eau. Je slalome entre les rochers que je connais par coeur. Pêcher le carnassier en rivière courante n’est pas simple. Le silure encore moins. Mais j’ai fait une super balade.
Fred