Après un début de saison plutôt frustrant, j’ai enfin pu pêcher un peu la Dordogne à l’occasion de la rencontre organisée par Gobages.com. Trois jours de pêche pas en continu, mais deux heures par ci, trois pas là.
J’ai eu la chance de capturer quelques poissons superbes qui se méritent… Ceux qui étaient sur place peuvent en témoigner. Ces poissons sauvages sont loin de se jeter sur la première mouche venu. C’est ce qui fait le charme de la rencontre avec ces poissons.
Je vais essayer de vous faire partager ces moments finalement assez rares dans une saison.
Le premier de ce séjour a été un très gros ombre. Je ne l’ai pas mesuré mais je dirais plus de 45 cm. Un des plus gros que la Dordogne m’ait permis de capturer. Bien que marqué par le frai (nageaoire dorsale fendue et écaille manquante) c’est un très beau mâle qui m’a livré un superbe combat par ce niveau un peu haut.
Il a gobé une fois à environ 15 m en aval de moi. A ce moment là, il se trouve que j’avais au bout de mon bas de ligne une émergente de sulphure. Il là prise au premier passage. Complètement à la rue, j’ai senti une secousse dans ma canne et j’ai ferré tellement en retard qu’il devait bien être 30 cm sous la surface. Il avait toujours la mouche dans la gueule. Il m’a confirmé que ce ne sont pas les plus gros les plus durs à prendre. Je pense que j’aurais eu un autre modèle en pointe, il aurait quand même pris.
Le poisson suivant a été bien plus facile à capturer. Un cas d’école. Un rond à 10 / 12 mètre, plein travers. Pas de difficulté majeure pour le posé, un sedge bien visible pris au premier passage. Comme le suivant d’ailleurs qui a gobé à quelques mètres de moi alors que je revenais au bord. Là encore, il est monté au premier passage pour se saisir de ma mouche. Malheureusement, il était un peu près de moi et je l’ai vu monter. Malgré toutes ces années, je n’arrive pas encore à contrôler tous mes ferrages lorsque je vois cette masse grise décoller du fond pour happer la mouche. Et cette fougue m’a valu une casse retentissante.
L’absence de rond me fait gagner le pont de Monceau où se trouvent déjà JY, Mimo et Sebbien. Les choses en sont pas aussi faciles que précédemment. Les poissons déjà bien éduqués ne montent pas au premier passage et recrachent vite. Il me faudra un bon moment pour séduire cette truite qui gobe plein amont dans un remous assez traitre. Elle se déplace et gobe sans rythme. Une situation pas spécialement favorable. Elle finira par succomber à un mini sedge après bien des changements de mouches. C’est surement le hasard, une présentation qui lui aura plus plu. Car elle prenait aussi les sulphures. Vous aviez bien sûr reconnnu en arrière plan, les trois acolytes cités précédement.
Le lendemain, se rapproche d’un jour presque parfait pour la pêche à la mouche. Il bruine, vers 15 h alors que je fais la sieste, Jean-Yves accourt pour me dire qu’il faut y aller. Lorque nous mettons le pontoon à l’eau, la surface de la Dordogne affiche son plus beau visage.
Malgré tout, nos premières tentatives pour capturer ces poissons sont vaines. Sur la premières gravière, des poissons montent sporadiquement. Mais restent insensibles aux charmes de nos mouches. Seule cette truite à la robe caractéristique de la Dordogne se laisse séduire toujours par une émergente de sulphure et ce, au premier passage correct. Bien que piquée en fin de tirée, elle ne prendra pas le large.
Il n’en sera pas de même pour la suivante. Même mouche, même punition mais après de très nombreuses tentatives et changements de mouche. En revanche, dès le ferrage, j’ai eu droit à un gros remous en surface et un début de combat ou le nerf fatigué de MA canne ne contrôlait pas grand chose. Puis, elle est arrivée avec son buste surdimentionné et sa grande bouche. Une belle truite avec un bel embonpoint malgré ces petits points orange qui laissent penser à une hybridation entre une souche Dordogne et une lachée.
Ce bel ombre est peut-être celui qui m’a donné le plus de satisfaction de tout le séjour. Il est 20 h, on pêche depuis 5 heures dans le froid et la bruine. On arrive dans un coin sublime. Il y a peu de gobages mais celui là gobe calmement dans des ronds volumineux qui déplacent beaucoup d’eau. C’est visiblement un beau poisson qui prend des sulphures émergentes comme presque tous ceux qu’on a vu depuis notre départ. Il monte de façon régulière mais avec un rythme lent. Un rond toutes les 3 minutes. Il me se déplace pas et prend toujours de la même façon.
Par facilité, je lui fait le coup du sedge mais il n’est pas né de la dernière pluie et ne mord pas à l’hameçon. Puis comme c’est la règle, je lui propose différents modèles qu’il ne vient même pas voir. Et presque à regret, je lui propose la mouche qui m’a permis de tout capturer aujourd’hui. Il la prend sans rechigner au deuxième passage. Je ferre à l’instinct et rencontre une résistance prometteuse. Le combat sera à la hauteur de mes espérances. Il regagnera la Dordogne après une scénace photo et un rapide coup de mètre : 36 cm. On aura même un coup du soir avec de nombreux sedges. Cela me permettra de souffler un nouvel ombre sous le nez de JY. Carte mémoire pleine mais quel bon moment de vie passé ensemble.
Le lendemain, le temps est lumineux… J’ai pêché deux heures le matin. Ce superbe poisson m’a pris en deux temps. Je l’avais vu gobé loin, très loin, le long de la berge, de l’autre coté de la veine centrale. A la limite en distance coté lancer, j’ai réussi à le faire monter sur un gros sedge en pêchant l’eau n’arrivant pas à être assez précis. Mais à ces distances peu raisonnables, il faut vraiment de la chance pour accrocher le poisson. Si bien que j’ai ferré dans le vide. Mais bon, un homme averti en valant deux, j’ai du ferrer plus vite à sa deuxième montée et il s’est pendu. Là encore, les gros ne sont pas les plus durs à prendre… En revanche, à ramener, c’est une autre paire de manche. Vu la densité d’herbiers, je l’ai joué tout en force au risque de la perdre sur casse.
Il était bleu, gros, beau. J’étais heureux au milieu de ce nokill après trois jours passés avec des gens qui partagent la même passio
n que moi. Ce sont des moments comme ceux là qui permettent de se ressourcer. Au contact de poissons superbes, de gens délicats, les pieds dans l’eau…
J’ai même fini sur une jolie petite truite capturée en nymphe à l’indicateur dans un remous généreux. Sa robe témoigne de son caractère sauvage.
Chaque poisson est différent mais tous mérite notre respect. Ne serait-ce que pour les remercier de nous proccurer ces moments de plénitude.