One, 2, 3, four…

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Cette année, comme c’est le cas une année sur trois ou quatre, les niveaux de la Dordogne sont compatibles avec la pratique de la pêche à la mouche dès l’ouverture de la truite. Cela permet l’accès à des vastes secteurs situés très à l’aval du parcours traditionnel et sur lequel il reste quelques jolies truites. Mais la quête de ces poissons est loin d’être simple. C’est ce qui la rend palpitante…

 

 


Comme pour faire écho à la chanson de Martin Solveig One, 2, 3, four ; je multiplie les sorties sur la belle pour essayer de faire passer cette lancinante envie de pêcher qui me taraude depuis quelques semaines déjà.

One 2 3 four.

Les choses étaient plutôt mal parties étant exceptionnellement retenu au travail en cette journée d’ouverture. Sitôt les « portes ouvertes » terminées, me voilà parti en direction de la Dordogne. Comme d’habitude, il n’y a pas grand monde en ce jour d’ouverture. Les gens sont concentrés sur les ruisseaux de première catégorie, là où il y a des lachés de truites.

 

Dès mon arrivée, quelques poissons sont en poste mais je les laisse gober pour que tous s’installent. J’en profite pour faire une petite descente du courant en noyée. Après 3/4 d’heures de pêche infructueuse, je constate que 7 ou 8 poissons gobent régulièrement sur le joli lisse qui me fait face. Le temps couvert fait durer l’éclosion pour mon plus grand plaisir. Je change mon bas de ligne pour passer en sèche et c’est bientôt un premier poisson qui aspire mon gros cul de canard sans difficulté. Elle est magnifique avec ses petits points noirs.

 

Les poissons continuent de gober pour la plupart hors de portée de mes mouches mais il y en a une que je peux atteindre. Ma mouche passe et repasse sans succès jusqu’à croiser son rythme. Là encore la mouche est prise sans rechigner. Bien que de taille modeste, elle me prend un peu de soie et me fait dévaler dans le remous à l’aval. 

 

Ces nageoires et ses gros points attestent de son origine sauvage. Le temps de discuter avec les deux moucheurs venus sur le poste et les gobages s’estompent. Les ronds ne durent jamais longtemps au début de la saison. Je profiterai de la fin de l’après-midi pour prospecter de superbes coins à l’heure où la nature s’éveille et les fleurs se dévoilent…

 

Le deuxième jour, j’ai rendez-vous avec Matt et Stef pour leur ouverture. Nous décidons de monter à la limite du parcours corrézien. Le soleil est de la partie et nous savons que la pêche sera dure. Le vent est au nord, le soleil au zénith, la lune est pleine et l’eau très froide. Nous peignerons pendant deux heures en noyée de superbes postes à truites sans la moindre tirée. J’ai descendu 600 m de bordure mortelle sans voir le moindre rond ni la moindre mouche. 

 

Et il nous faut toute l’onctuosité des rillettes à Matt pour nous faire oublier notre déroute. 

 

Nous finirons par trouver un coin où vadrouillent quelques blancs qui nous permettrons d’éviter la bredouille.

 

Jour 3 : cap à l’aval. L’air sent bon le parfum des fleurs. Il fait toujours aussi beau, la limpidité de l’air est optimale, les premiers arbres en fleurs sont une vraie invitation à la balade. 

 

Coté pêche ça va un peu mieux. Une brève éclosion permettra à mes deux compères de prendre leur première truite de la saison en sèche. Nous en profitons aussi pour prospecter de nouveaux coins. Et stef ne peut pas s’empêcher dès qu’il voit un cheucheu de lui lancer une nymphe. 

 

Qu’est-ce qu’il t’avait fait ce pauvre poisson?

 

Ces repérages s’avèreront précieux pour les parties futures et c’est Stef, qui dès le lendemain en profitera lors d’une très belle partie de pêche. 

 

Cela décuple mon envie d’y retourner. Mais ce vent du nord toujours présent et ce soleil de feu limitent les éclosions à leur strict minimum. Les ronds sont sporadiques et l’éclosion dure moins d’une heure. Difficile de pêcher dans ces conditions. Surtout que tous les ronds ne sont pas ceux de truites. Il faut trier et à l’arrivée, seule une arc en ciel venu de je ne sais où finira dans mon APN. 

 

Qu’à cela ne tienne, la prospection doit reprendre. Voilà maintenant 15 ans que je fais l’ouverture dans ce secteur et j’ai l’impression de tout ignorer. Les poissons sont si localisés, les conditions si changeantes qu’il est très difficile de réussir une pêche. 

 

Malgré les échecs, la soif de découvrir de nouveaux coins tant qu’elle est basse est la plus forte et cela a bien failli payer. En pêchant l’eau, devant un goulet d’une puissance à faire froid dans le dos, je ferai monter un beau poisson en fin de course en début de draguage mais il ne s’accrochera pas.

 

Ces premiers gobages ne doivent pas nous faire oublier que le chemin vers la belle saison est encore long même si les bourgeons gonflent.

 

Et que le chemin vers la maitrise de ce long parcours est infini car il reste encore tant de beaux coins à prospecter… One, 2, 3……..

Fred