Il y a 15 ans, alors que j’étais un jeune pêcheur à la mouche, je découvrais la pêche dans les pyrénées en vallée d’Aure. Durant deux étés, j’ai pêché tous les jours du lever au coucher. Une période d’insouciance, très formatrice au contact de cours d’eau variés et de poissons pas toujours faciles.
J’ai décidé cette année de revenir voir la Neste. Un pélerinage en quelque sorte.
La vallée est toujours la même, avec ses routes, ses barrages, ses nouveaux ronds points. Les constructions continuent apparament à un bon rythme. A cet endroit, il y avait un pré traversé par un ruisseau pépinière.
Sur deux jours, on n’a pas trop le temps de se disperser. J’ai donc choisi de visiter en priorité les deux parcours nokill de la vallée. Le premier est situé à Lortet et le deuxième à Arreau. Première constatation, les poissons sont nombreux mais très éduqués. Il faut sortir le 10centième et les mouches en 24 pour prendre des poissons sur les lisses.
Cela provient essentiellement de la pression de pêche très élevée sur ces parcours. D’autant plus qu’il sont assez courts. Moins d’un kilomètre pour chacun d’eux. Bilan, les pêcheurs sont concentrés, les poissons très sollicités…
Autre constat, comme il y a 15 ans, les truites sont très différentes les unes des autres. Sur certains cours d’eau (gaves, nives), on retrouve d’une capture à l’autre des caractéristiques phénotypiques identiques et propres à la souche locales. Des décennies de grand n’importe quoi sur la Neste auront conduit à la disparition de la souche locale. A force d’alevinage incontrôlés, les poissons sont très différents les uns des autres : jugez vous même.
Heureusement, il est encore des torrents où subsistent des poissons sauvages de souche ancestrale nous disent les hydrobios. Des ruisseaux avec de l’eau propre qui coule dans un environnement encore à peut près intact. C’est le domaine de la pêche en eau rapide avec une canne assez longue, une soie naturelle, les genoux dans l’eau.
Les truites sauvages se reconnaissent facilement par leur beauté. Dès qu’on les voit, elles apparaissent avec des reflets jaunes.
Mais une menace insidieuse pèse sur elles : des poissons assez proches d’un point de vue aspect mais issus de pisciculture. La différence est mince mais la pollution est là. Ces truites sont blanches à la sortie de l’eau. Elles ont plus de petits points oranges…
Quel dommage de mettre en danger une telle souche de truite. Avoir détruit celle de la grande Neste ne leur suffit donc pas?